Alabama Song**, Gilles Leroy (éd. Mercure de France, 189 p)
Le style d’écriture atypique de Gilles Leroy se prête parfaitement à la découverte de la personnalité tumultueuse de Zelda, femme exubérante, insouciante, épouse et muse de Scott Fitzgerald.
« L'amour, je l'ai connu sur la plage de Fréjus. L'amour pour moi, ça n'a duré qu'un mois et ce mois remplit ma vie. »
Drame d’une artiste qui cherche sa voie à l’ombre de la réussite exceptionnelle de son mari, spoliée d’une partie de ses œuvres, privée de sa liberté. Drame surtout d’un mariage en complète faillite, qui va amener Zelda au bord de la folie.
« Personne ne sait comment on a pu s'aimer au départ ni comment on s'est supportés toutes ces années. Au départ, je me foutais de lui, à la fin il se foutait de moi. »
Ce roman, écrit comme un journal intime, réussit le pari de nous attacher à cette personnalité hors normes et donne envie découvrir plus en détails l’œuvre de ces deux artistes. Pourtant on reste légèrement à distance de ce texte construit comme un procès à charge contre Scott, son mari :
« J'ai épousé une poupée mâle et blonde pas capable de bander ».
Le rappel final de l’auteur qui nous demande d’abandonner toute référence à des faits historiques laisse une impression mitigée. Quelle est la part de vérité et d’inventions ? S’est-on fait embarquer à tort dans une histoire que l’on supposait biographique et qui finalement serait issue de l’imagination de l’écrivain ?
Goncourt mineur (comme tant d’autres), ce joli petit livre fera passer un bon moment à ceux qui ne sont pas des fins connaisseurs de cette période.