Le choix de dévoiler dans la dernière partie l’événement qui a fait basculer sa vie amène l’auteur à construire l’ensemble de l’histoire sur un non-dit.
Dans ses souffrances d’adulte, dans la relation ambigüe entretenue avec ses parents, on devine que sa hargne et sa tristesse ont une vraie cause. En attendant, je me suis ennuyée dans ces petites scénettes sensées expliquer son malaise puisqu’il ne décrit au final qu’une famille ordinaire de la middle class américaine des années 50. Mère au foyer qui s’ennuie, père enseignant, cocktails, robes de soirée, alcool un peu trop présent, fort souci des apparences. Les psychodrames, tels l’absence de vélo ou la robe trouée de sa mère sont tombées à plat, mettant surtout en lumière l’immaturité du narrateur.
Bien sûr, la révélation éveille une compassion sincère, mais comment ne pas s’interroger sur tout ce fartas, sur les incohérences du récit accentuées par des oublis ? Peux-t-on faire porter à cet événement la responsabilité complète du ratage de sa vie d’adulte, après un tiers de livre passé à décrire une enfance plutôt heureuse ? Sa mère, alcoolisée, a-t-elle véritablement compris la scène avec l’obscurité ? Pourquoi n’a-t-il jamais réussi à avoir une conversation une fois adulte avec elle ?
Trop de questions sans réponse et une construction de récit inappropriée gâche de mon point de vue le propos de ce livre, qui a pourtant le mérite de parler d’un sujet difficile et insuffisamment abordé.